Neo-masculinité : une définition

Il y a peu, Ralf a défini, dans une excellente série de sept vidéos, les bases de l’idéologie du mouvement MGTOW tel que pratiqué en France. L’initiative est d’autant plus saine et salutaire que l’actualité récente doit pousser tous les mouvements masculins à clarifier leurs positions et à les exprimer d’une façon aussi compréhensible que possible, ne serait-ce que pour éviter tout amalgame inapproprié. La neo-masculinité, ou masculinité positive, dont nous nous réclamons ici, différant en partie du mouvement MGTOW, il nous a semblé utile et intéressant et faire de même et de proposer une définition aussi complète que possible du corpus de valeurs dont nous nous réclamons.

Définition de la neo-masculinité

La néo-masculinité est une école de pensée contemporaine, dans la continuité des grandes écoles de pensée occidentales et plus particulièrement du stoïcisme et de l’épicurisme, auxquels il ajoute les acquis de la recherche contemporaine, et notamment de la psychologie évolutive. Cette école vise à permettre à ceux qui y adhèrent de s’émanciper des carcans intellectuels et idéologiques aliénants produits par la société post-moderne et à leur permettre de développer une vision personnelle du monde, des êtres et des choses qui soit la plus claire et la plus proche du réel possible. Le néo-masculinisme encourage à la pensée critique, à une approche rationnelle du monde, à la vertu et à la virilité intellectuelle. Il est déterministe, essentialiste, féministe, pérénnialiste, non-violent et encourage à l’étude et au développement des différentes modalités de la masculinité et de la virilité et de leur insertion dans le monde contemporain. Le néo-masculisme, ou néo-masculinité, s’adresse principalement aux hommes mais sans exclure pour autant les femmes qui auraient les capacités et la volonté de s’y rattacher.

Voilà qui demande des éclaircissements, point par point :

Neo-masculinité : une école de pensée

A l’instar de MGTOW, qui est une philosophie pratique, et à l’inverse des MRA, qui sont des mouvements politiques, la néo-masculinité se définit avant tout comme une école de pensée. Nous estimons en effet qu’il est plus important d’ensemencer le champ intellectuel, moral et idéologique des hommes d’aujourd’hui et leur fournir des outils de réflexion personnelle et d’examen de conscience que de les encourager à quelque type de comportement particulier que ce soit.

Continuité, héritage, apports

« Nous avons conscience que nos concepts et nos idées sont issus d’une histoire longue, à laquelle nous nous rattachons. »

NEOMASCULIN

Contrairement à une certaine pensée post-moderne qui se pose comme une rupture d’avec le monde ancien, nous avons conscience que nos concepts et nos idées sont issus d’une histoire longue, à laquelle nous nous rattachons. Nous reconnaissons, dans la pensée des siècles passés, un certain nombre de maîtres, dont l’étude ne peut qu’être bénéfique à l’homme contemporain. Comme tous les maîtres, ceux-ci doivent, bien entendu, être un jour dépassés et trahis mais leur fréquentation permet à l’homme néo-masculin de paver la voie de sa propre pensée et de ses propres concepts.

Parmi les grands maîtres dont nous nous réclamons ou nous inspirons, figurent, entre autres : EpictèteEpicure, Diogène le Cynique, Sénèque, Thomas d’Aquin, Nicolas Machiavel, Francis BaconRené Descartes, Baruch Spinoza, Michel de Montaigne, Arthur Schopenhauer, ou encore Friedrich Nietzsche. D’autres penseurs peuvent également être évoqués de manière plus ponctuelle, notamment Karl Marx, Otto Weininger, Sun Tzu, Lao Tseu, Julius Evola, Esther Vilar, Hannah Arendt, mais aussi, par exemple, le collectif Tiqqun.

Outre ces apports philosophiques, nous nous référons aux découvertes des dernières décennies en matière, notamment, de psychologie évolutive, et notamment les travaux de Konrad Lorenz.

Tout cela contribue à faire de la pensée neo-masculine un courant s’inscrivant dans la continuité de l’héritage philosophique, rationnel, scientifique et moral de la pensée occidentale.

Une pensée occidentale

Bien que dans l’ensemble, la néo-masculinité s’adresse à tous, elle est produite dans un certain contexte, qui est celui du monde occidental, et en particulier européen, du début du XXIème siècle. Elle se distingue donc des autres mouvements de pensée masculins de cette période issus d’autres cultures et n’est pas toujours en adéquation avec le contexte culturel, politique, idéologique et sociétal d’autres parties du monde. Bien que s’adressant à tous sans discrimination, ce n’est donc pas une pensée qui se prétend universelle. Il peut bien entendu exister, au sein d’autres cultures, des équivalents de la pensée neo-masculine, correspondant aux réalités de ces cultures et de ces modes de vie et de perception du monde.

Émancipation individuelle et Matrice

La pensée neo-masculine vise à l’émancipation de l’individu. Elle a notamment pour but de fournir à chacun les outils d’analyse et de pensée critique nécessaires pour se libérer des illusions et des constructions intellectuelles fallacieuses érigées comme des normes par la pensée dominante en Occident.

Pensée critique et rationalité

La néo-masculinité considère une approche précise et la plus vraie possible du réel comme un bien en soi. Aussi encourage-t-elle à la pensée scientifique et critique, à l’étude de la logique formelle et de la rhétorique, ainsi qu’au développement de la connaissance et de la culture générale de chacun.

Vertu

La pensée neo-masculine encourage à la poursuite de la vertu, c’est-à-dire au développement, chez chaque individu, de valeurs morales et intellectuelles telles que la justice, la prudence, le courage, la frugalité, l’humilité, la charité, le civisme, l’amour de l’intérêt collectif et du groupe social, la bienveillance, la franchise, le dévouement, la solidarité, et, plus généralement, la quête du Beau, du Vrai et du Juste. A ce titre, il n’est pas exagéré de considérer la pensée neo-masculine comme une pensée de critique radicale vis-à-vis de l’idéologie de marché libérale-libertaire.

« Ce qui caractérise la virilité intellectuelle, c’est le courage de regarder le monde en face, dans toute sa laideur comme dans toute sa complexité. »

NEOMASCULIN

Virilité intellectuelle

La virilité telle que nous la concevons n’est pas nécessairement ni uniquement physique. Elle se définit avant tout comme une force de résistance vis-à-vis des agressions extérieures et des influences négatives, qui se confond en partie avec la maîtrise de soi, la volonté, l’honneur et les principes moraux. D’un point de vue collectif, la virilité est presque un synonyme de la puissance, puisqu’elle correspond à la capacité, pour le groupe, à traverser le temps et l’Histoire en restant fidèle à ses principes les plus essentiels.

Déterminisme

La néo-masculinité est déterministe, en cela qu’elle ne croit pas que les individus sont intégralement libres. Si une part de libre-arbitre existe, cette part est limitée, et strictement encadrée par un certain nombre de données auxquelles nous ne pouvons rien, et qui définissent notre idiosyncrasiePour reprendre un exemple souvent cité : dans une partie de poker, le déterminisme, c’est le fait de ne pas choisir les cartes que vous avez en main. Et le libre-arbitre, c’est le fait de pouvoir jouer comme vous l’entendez les cartes que vous recevez.

Essentialisme naturaliste

« Nous ne sommes pas condamnés dès la conception et la biologie, ça n’est pas le destin. »

NEOMASCULIN

Résultat logique de toute approche rationnelle et froide du réel, l’essentialisme dont nous nous réclamons est une conséquence logique du déterminisme : il consiste à considérer que les individus sont déterminés par leur biologie, et qu’à ce titre, il est impossible, par exemple, pour les membres d’un sexe donné, de comprendre ou de réaliser entièrement quelle est la réalité de l’expérience humaine des membres de l’autre sexe. Ce qui est vrai pour les sexes est également vrai pour les groupes ethniques, les cultures, les spécificités physiques diverses, etc. Ces critères ne sont bien entendu pas absolus, et une part de liberté individuelle existe : nous ne sommes pas condamnés dès la conception et la biologie, ça n’est pas le destin. Mais cela contribue fortement à notre destin. S’il est absurde de décider de la vie ou de l’occupation des individus en fonction de leur seule biologie, il est tout aussi absurde d’ignorer celle-ci.

L’essentialisme nous pousse à nous inscrire en faux vis-à-vis d’un certain nombre d’idées contemporaines, et notamment celles qui prétendent que la volonté ou l’opinion d’un individu suffisent à déterminer son identité, et que le reste du monde devrait se conformer à l’idée que l’individu se fait de lui-même. Outre que cette pensée relève de l’hubris (il n’y a qu’un seul être, pour peu qu’on y croie, dont la volonté suffit à façonner le réel : c’est Dieu), elle relève aussi d’un individualisme narcissique exacerbé, qui oublie que notre identité ne nous appartient pas intégralement et qu’elle est la rencontre de notre idiosyncrasie, de notre époque, de notre histoire, de nos comportements personnels, du regard des autres et des attentes sociales qui pèsent sur nous.

L’essentialisme dont nous nous réclamons ne réclame en aucune façon un traitement différencié des êtres humains : il nous semble au contraire souhaitable que tous aient les mêmes droits essentiels, mais que chacun puisse avoir la possibilité d’exprimer ses compétences et ses inclinaisons propres.

Enfin, l’essentialisme nous pousse à penser qu’il existe une nature humaine et que celle-ci, si elle évolue avec le temps, ne change que de manière très lente et à la marge. Aussi croyons-nous que, une fois débarrassées des oripeaux souvent purement cosmétiques que constituent bien des comportements culturels, les Hommes sont, à quelques variations près, tous similaires (et non identiques), et que les sagesses des uns peuvent, à certains égards, servir aux autres. A ce titre, l’essentialisme est une forme d’humanisme universaliste, qui encourage à se sentir en relation avec l’ensemble de nos frères humains, à travers l’espace comme à travers le temps.

Féminisme

Aussi étonnant que cela puisse sembler pour certains, le neo-masculinisme est un féminisme. Il se rapproche en effet des mouvements féministes différentialistes, qui insistent sur la différence de nature profonde entre hommes et femmes et attribue à chacun d’entre eux des vertus et des génies propres. Il se rapproche également de la définition la plus stricte et la plus lapidaire du féminisme : doctrine préconisant l’égalité des droits entre l’homme et la femme.

Favorable à la plus stricte égalité à tous égards, le neo-masculisme se positionne en faveur d’un traitement identique pour tous et toutes et s’oppose à toute forme de discrimination légale, qu’elle soit positive ou négative. Seules les capacités objectives, son adéquation personnelle avec ce qui est attendu de lui et les actes d’un individu devraient être pris en compte dans la manière dont la société le traite (notamment dans le monde du travail, mais pas seulement), sans que son sexe n’entre en ligne de compte. Du fait de notre point de vue déterministe et essentialiste, nous pensons qu’une telle égalité réelle de traitement amènerait nécessairement à ce que certains secteurs soient plus masculinisés et d’autres plus féminisés, hommes et femmes, en moyenne, n’excellant pas dans les mêmes matières. Nous estimons cette différence non seulement sans gravité, mais vertueuse, puisqu’elle amène les individus à exercer au sein de la société les fonctions qui les attirent naturellement le plus. Des individus exceptionnels, capables de rivaliser avec l’autre sexe dans ses domaines d’excellence, ne doivent cependant pas être rejetés au motif de leur sexe, mais doivent pouvoir exprimer leurs capacités et leurs compétences, du moment qu’ils répondent aux mêmes critères de sélection et d’évaluation que les membres de l’autre sexe, sans embûche mais sans passe-droit d’aucune sorte. Pour faire simple et clair : nous sommes totalement favorables à l’égalité des opportunités et absolument opposés à l’égalité forcée des résultats.

« Le féminisme authentique, c’est tenir hommes et femmes au même niveau d’exigence, en tout, pour tout, et sans passe-droit pour personne. »

NEOMASCULIN

Perrénialisme

Issu de la pensée, entre autres, de René Guénon, le pérrennialisme est l’idée selon laquelle certains préceptes et certaines sagesses issus des traditions les plus immémoriales sont et restent valables quelle que soit l’époque, le contexte ou la culture. Il s’agit d’une conséquence logique de l’essentialisme, qui croit en l’existence d’une nature humaine et de grands invariants. Aussi certains enseignements et textes fondateurs, tels que la Bible, les textes mythologiques gréco-latins, la poésie homérique, la pensée talmudique, la philosophie chinoise, le Coran et les hadiths, la gnose, les textes hindouistes, la pensée de Siddharta Gautama et bien d’autres peuvent-ils encore servir aujourd’hui : bien qu’il faille les replacer dans leur contexte particulier, ils contiennent des aspects universels, susceptibles d’être de quelque utilité et de nourrir les réflexions de l’homme contemporain.

Non-violence

Bien que nous encouragions, à titre d’expérience personnelle et de confrontation à soi-même, à la pratique d’activités physiques et notamment de sports de combat, la pensée néo-masculine est non-violente, en cela qu’elle ne pousse en aucune manière ses tenants à se livrer à quelque action brutale ou violente que ce soit, vis-à-vis de qui que ce soit, si ce n’est en état de légitime défense. Nous condamnons fermement des actes tels que ceux que Minassian. Par ailleurs, si nous encourageons les hommes à se prémunir contre les fausses accusations de viol et sommes opposés à tout lynchage extrajudiciaire, nous n’encourageons en aucune manière à ces actes criminels et sommes même favorables à un durcissement des peines à bien des égards. De la même manière, nous sommes fermement opposés au harcèlement sexuel ou au harcèlement de rue, quand celui-ci est réel, tout en étant convaincus que leur existence est l’un des épiphénomènes de la dévirilisation généralisée qui touche nos sociétés.

Si nous sommes persuadés que l’adage selon lequel la violence ne résout jamais rien est une stupidité, au vu des réalités du monde et de la brutalité intrinsèque des rapports, notamment entre États, et si nous sommes favorables au droit, pour chacun, de se défendre de la manière la plus efficace possible s’il est menacé, nous pensons en revanche qu’il est souhaitable que l’État, aussi imparfait qu’il puisse être, conserve autant que faire se peut le monopole de la violence.

Si action en rapport avec la pensée neo-masculine il doit y avoir, celle-ci doit se situer sur le plan de l’émancipation de l’individu, de sa construction personnelle, de la poursuite de ses objectifs. Si nous comprenons la colère dont font preuve les hommes qui entrent dans le processus de la Pilule Rouge pour la première fois (Œuvre au Noir ou premier gobage de Pilule), nous les encourageons à l’exprimer de manière non violente : la meilleure revanche que l’on puisse obtenir vis-à-vis de la Matrice, c’est de réussir à vivre libre et serein, envers, contre et malgré elle.

Virilité d’aujourd’hui

Prenant acte du fait que l’Histoire ne repasse pas les plats et que la virilité d’hier n’a plus sa place dans un monde qui a changé, la pensée néo-masculine s’intéresse à une nouvelle forme de définition de la virilité. Il ne s’agit pas de tout changer, bien au contraire : il s’agit, en partant des grands invariants fondamentaux, d’établir une manière, pour la virilité individuelle comme pour la virilité collective, de s’exprimer d’une façon qui soit favorable et positive, à la fois à l’individu et à la société. Nous sommes fermement persuadés que la dévirilisation actuelle, tant au niveau des personnes qu’au niveau des sociétés, est une menace majeure pour la survie de nos civilisations et de leur héritage sur le long terme. Aussi appelons-nous à tirer de la Tradition les fondations d’une virilité nouvelle, régénérée, apte à fournir à la société contemporaine des hommes de caractère, c’est-à-dire des êtres sains, droits, honorables, déterminés, indépendants, conscients de leurs droits et aspirations personnels mais aussi de leurs responsabilités et de leurs devoirs vis-à-vis du groupe.

Comme on peut le voir, la pensée néo-masculine, si elle n’est pas identique stricto sensu à la philosophie MGTOW, dont elle se différencie subtilement (même si elle partage avec elle bien des aspects, étant sa cousine, sans se placer nécessairement dans les mêmes champs ni tirer les mêmes conclusions à tous égards), ni n’engage nécessairement ses tenants à se positionner en MRA, n’est en contradiction formelle avec aucun de ces deux mouvements : on peut très bien y adhérer tout en étant à la fois MGTOW et MRA, en n’étant que l’un des deux, en n’étant aucun des deux. On peut s’y référer quel que soit son bord politique et que l’on soit ou non croyant. Chacun peut donc y adhérer, bien qu’en tant que philosophie exigeante, elle ne s’adresse pas à tous, mais uniquement à ceux qui ont déjà parcouru un certain chemin intérieur et son assez mûrs, assez cultivés ou assez courageux pour regarder le monde en face.
Comme l’auront constaté les lecteurs les plus attentifs, il y a dans la description de cette pensée, finalement, très peu de références aux femmes. Car contrairement à une légende couramment répandue, l’ensemble de la manosphère n’est pas obsédée par les femmes, ni par la misogynie. Si nous nous adressons majoritairement à des hommes, c’est qu’ils sont les premiers concernés par notre mode de pensée et les premières victimes des processus que nous dénonçons. Mais la pensée neo-masculine visant à des relations plus harmonieuses et apaisées entre hommes et femmes, dans la connaissance et le respect des spécificités à la fois intellectuelles, émotionnelles, biologiques et morales de chacun, il est évident que sa mise en pratique, notamment par un homme, est bénéfique pour toute femme partageant son quotidien. Au-delà de ces aspects particuliers, la pensée néo-masculine insiste davantage sur la libération intellectuelle et l’émancipation de l’homme que sur les femmes en général. La Jeune Fille, que nous citons souvent, n’est, faut-il le rappeler, ni nécessairement jeune, ni forcément de sexe féminin, mais bien un personnage idéalisé, un archétype, une synthèse. 

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