Minassian n’était pas le dernier. Vendredi dernier, du sang a coulé à nouveau. A nouveau, un Incel (Scott Beierle ) a tué. C’était prévisible. C’était d’ailleurs prévu. Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, il était impossible que d’autres attentats n’aient pas lieu tôt ou tard. Bien entendu, il y a, d’abord, la peine et les condoléances. Il y a les prières, réelles et sincères, pour les familles des victimes. Mais, maintenant que le premier choc est passé, va venir le temps de la réflexion, et celui des responsabilités.
On juge une société aux êtres qu’elle produit
De même qu’on juge une politique à ses résultats et non à son idéologie déclarée, on peut juger une société aux êtres qu’elle engendre. Et à cette aune, force est de constater que la société occidentale a une vraie sale gueule. Des Incels et des pétasses. Des cucks frustrés et des féministes intersectionnelles. Des schizophrènes et des Instagram models. Des Scott Beierle et des Caroline de Haas. Dans tous les cas, des êtres dysfonctionnels, incapables de comprendre l’altérité, incapables de se projeter en l’autre, obsédés par leur minable petit égo, leurs névroses personnelles et incapables d’accepter l’idée que l’Univers ne tourne pas autour de leur nombril.
Amalgames
Des amalgames seront faits, c’est évident. Notre société ne supporte pas les amalgames, certes. On prescrit même, à chaque fois qu’un déséquilibré attaque un flic en hurlant le nom de son dieu, une dose massive de Padamalgam 2000, en intraveineuse, pour l’ensemble de la population, histoire de l’assurer que non, il ne s’agit en aucun cas d’un acte religieux. Mais quand il s’agit de taper sur les hommes, tout est permis.

On fera donc l’amalgame, et on accusera la nébuleuse masculiniste d’être à l’origine de ces drames. On convoquera sans doute Olivia Gazalé pour cela, et peut-être certains imbéciles la prendront-ils même au sérieux. Si ceux qui pratiquent ce type d’amalgame n’avaient pas du sang jusqu’aux genoux, ce serait presque cocasse. Cocasse, car à l’opposé de la vérité. Car de quoi parle-t-on quand on parle de « masculinisme » ? De trois choses, en gros :
- Les MRA (Men’s Right Activists : activistes en faveur des droits des hommes), qui sont des mouvements politiques non violents.
- La masculinité positive (dont Neo-Masculin se revendique), qui est une école de pensée estimant qu’il est nécessaire, pour tout homme, de conquérir sa virilité intérieure, ce qui se traduit généralement par la maîtrise de soi et la pratique de la vertu, et encourage, dans les rapports entre hommes et femmes, à des relations de couple plutôt traditionnelles et protectrices, dans le respect de la spécificité de chacun des sexes. Sans se faire d’illusion quant à la nature des femmes (c’est-à-dire en refusant absolument de les mettre sur un piédestal et de les considérer par défaut comme des êtres hautement moraux, mais en ayant à leur égard les mêmes exigences morales qu’à l’égard des hommes), la masculinité positive encourage à les aimer, ne serait-ce que pour former des couples stables et solides, destinés à perpétuer lignée et civilisation. Elle encourage également à la rechercher d’une éthique masculine détachée du gynocentrisme ambiant, ainsi qu’à l’amélioration intellectuelle, physique et morale des hommes.
- Les divers groupes MGTOW, qui ne constituent aucunement un « mouvement » monolithique, mais plutôt une myriade de cercles autonomes et plus ou moins vaguement connectés les uns aux autres, qui ont en commun de mettre en avant un certain mode de vie et une certaine vision du monde considérant que, la société occidentale actuelle ne permettant plus l’existence de relations hommes-femmes saines pour les hommes normaux, ceux-ci ont tout intérêt à « suivre leur propre voie », c’est-à-dire à se concentrer sur leur développement personnel, leur santé, leur morale, leur spiritualité, leurs rêves et leurs objectifs, plutôt que de perdre leur temps et leur énergie à courir après des êtres qui n’ont pas prouvé qu’elles en valaient la peine. Les MGTOW et les tenants de la masculinité positive sont d’accord sur à peu près tout en ce qui concerne les constats de base quant à la société occidentale, au désastre que représente l’éducation actuelle, tant pour les filles que pour les garçons, etc. Ils diffèrent uniquement sur les conséquences à tirer de ces constats. Et encore … les frontières sont souvent bien plus floues en pratique qu’en théorie.
Ce que ces trois tendances ont en commun c’est que, si elles n’entretiennent pas forcément une très haute opinion de la femme occidentale contemporaine moyenne, elles ne sont pas, fondamentalement, anti-femmes. Elles sont pro-hommes. En d’autres termes : non seulement elles ne soutiennent pas les Incel haineux, mais, surtout en ce qui concerne MGTOW, en sont l’exact opposé. L’Incel (Célibataire Involontaire) est, d’un point de vue Pilule Rouge, un homme d’un niveau inférieur dans la hiérarchie sexuelle, qui n’a pas la Valeur sur le Marché Sexuel ou l’assurance nécessaire pour séduire des femmes (ou encore qui, estimant mal sa Valeur, vise plus haut qu’il ne peut se permettre) et qui, donc, se retrouve célibataire alors qu’il souhaiterait être en couple. Un MGTOW, c’est typiquement un homme qui refuse la notion de couple traditionnel alors qu’il pourrait en avoir un. Le contraire absolu d’un Incel, donc.
Scott Beierle n’est qu’un symptôme
Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde.
Albert Camus
Refuser de voir l’aspect religieux dans les multiples attentats islamistes qui touchent notre sol, en ne qualifiant, justement, d’attentat, que ceux tellement spectaculaires qu’on ne peut faire autrement, c’est nier la réalité des faits et prétendre, en brisant le thermomètre, qu’on a guéri la fièvre du patient, puisqu’on ne peut plus la mesurer. Mais ne voir que l’aspect religieux, c’est également se mettre des œillères : en pointant du doigt les seules spécificités de l’Islam, on oublie de se poser la question de la nature et des vices d’une société qui accueille, élève et permet l’existence de terroristes islamistes. On ne regarde donc que le symptôme, et non la cause du mal.

Il en va de même pour qui désigne les Incel et se contente de les traiter de salauds et de misogynes, comme si ces insultes suffisaient à tout dire du mal qui les ronge. Comme s’ils n’étaient pas le produit d’une société qui broie ses hommes, qui les congédie aux marges, qui nie leurs souffrances et leurs ressentis, qui les traite en coupables désignés, en suspects permanents, tout en offrant aux femmes, à toutes les femmes, sans distinction de qualité ni de vertu, passe-droits, excuses et carte victimaire permanente. Une société dans laquelle on estime qu’il est loisible de réclamer les mêmes résultats mais pas les mêmes responsabilités. Dans laquelle les pères sont aliénés, la justice aux mains d’un sexe au détriment de l’autre, la réalité biologique niée, les fous portés aux nues et les sages conspués. Une société malade, qui donne plus volontiers la parole à ceux et celle qui la caressent dans le sens du poil et profèrent de confortables mensonges qu’à ceux qui nomment la maladie. Une société qui fonce vers l’abîme mais qui y fonce un Ipod sur les oreilles et un écran de télé devant les yeux, histoire d’être certaine de ne pas rater Hanouna.
Tant que cette société ne se sera pas remise en question, ne se sera pas interrogée sur ses valeurs fondamentales et ne se sera pas réformée en profondeur, elle continuera à produire des Salah Abdeslam. Et des Scott Beierle.
Bien entendu, Scott Beierle est parfaitement responsable de ses actes, et à titre personnel, en tant qu’homme et en tant que croyant, j’espère sincèrement qu’il brûle en Enfer. Reste qu’il n’a pu exprimer sa folie et sa violence que dans un certain contexte. Qu’il a été produit, en tant que personne et en tant que phénomène, par ce contexte. Aujourd’hui, ceux qui ont poussé sur le devant de la scène des mouvements tels que les Femen, Osez le Féminisme ou autres groupes misandres, ceux qui ont encouragé le délire postmoderniste et le suprématisme féministe, ceux-là ont du sang sur les mains (bien plus que les quelques pauvres folles, idiotes utiles ou imbéciles vociférantes, qui servent de troupes de choc médiatiques à ces groupuscules qui, par ailleurs, ne représentent quasiment rien ni personne) ; ceux qui leur accordent des crédits, les soutiennent financièrement, les équipent ou pardonnent leur méfaits sont complices de fait. Et il serait plus que temps de se rendre compte que les mouvements masculins, aussi divers et aussi différents qu’ils puissent être, ne font pas partie des problèmes, mais bel et bien des solutions. Offrir aux hommes en souffrance et en fragilité une voie de sortie et d’excellence, une manière de s’extraire de la gangue de pourriture et de mépris qui leur colle à la peau, et ce sans pour autant tomber dans la violence : tel est, plus que jamais, le défi de la manosphère.
En un mot comme en cent, et en toute immodestie, notre mission est simple : il nous suffit de sauver le monde.
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