La galanterie est une invention française, synthèse de deux tendances opposées : celle du monde méditerranéen, où les rapports homme-femme sont hyper-érotisés (que ce soit dans le sens de la drague latine ou dans l’hystérie tantôt pudibonde, tantôt obsessionnelle du monde musulman) et celle du monde anglo-germanique, où les rapports sont en apparence distants mais où, derrière le puritanisme, naissent les frustrations et les débordements les plus dégueulasses (jetez un coup d’oeil à du porno allemand et vous comprendrez de quoi je parle). La galanterie s’apparente à une sorte d’érotisation douce des rapports entre les hommes et les femmes : un comportement global de séduction et de reconnaissance du rôle de chacun dans la pièce de théâtre en train de se jouer : celle de la séduction. Un homme galant transmet en permanence aux femmes le message suivant : Oui, je sais bien que nous sommes égaux; mais je reste un homme, tu restes un femme, et par nature j’ai envie de te séduire.
Galanterie : la politesse de base
Le B-A-BA de la galanterie, c’est la politesse. Et celle-ci commence par la manière de vous exprimer : ne tutoyez une femme que si elle vous tutoie également, et ne soyez jamais le premier à le faire. Si vous la vouvoyez, ne l’appelez par son prénom que si elle vous y autorise ou vous le demande. Le reste du temps, préférez « Madame » ou « Mademoiselle ». Par défaut et si vous ne savez pas lequel choisir, « Mademoiselle » est préférable : il vaut mieux appeler demoiselle une dame que dame une demoiselle, c’est beaucoup moins risqué.
La politesse, c’est aussi la ponctualité : même si elle peut être en retard, vous vous devez d’être à l’heure, et même si possible cinq minutes en avance.

Elle d’abord
A titre de règle générale : c’est vous qui ouvrez la porte, c’est elle qui passe d’abord. Dans un passage étroit (couloir, ruelle…), si vous croisez une femme, c’est à vous de vous déplacer pour la laisser passer, même si vous devez pour cela rebrousser chemin.
En montant dans une voiture, vous lui ouvrez la porte, la refermez une fois que la dame est installée, et vous vous installez ensuite.
Attention, il y a des exceptions :
- dans un escalier, vous la précédez toujours : à la montée, ça permet de s’assurer que vous ne lui matez pas les fesses ; à la descente, que vous serez en mesure de la rattraper si elle tombe.
- en entrant dans un restaurant ou un bar, vous la précédez également : vous entrez, tenez la porte ouverte, la laissez entrer à son tour.
- dans tout lieu potentiellement dangereux ou inconnu, c’est vous qui passez en premier : si quelqu’un doit se prendre une baffe, une balle ou une morsure d’alligator, c’est vous.
La protéger
En tant qu’homme, vous êtes son protecteur. Que ce soit pour un soir ou une vie, votre devoir est d’assurer sa sécurité. Lorsque vous marchez avec elle dans la rue, c’est à vous de vous positionner du côté route (le côté le plus dangereux, donc). Si la soirée est fraîche et qu’elle semble avoir froid, c’est également à vous d’enlever votre veste pour lui en couvrir les épaules. Plus généralement, vous ne devriez jamais laisser une femme en danger, ni dans l’embarras : si elle est encombrée de paquets ou de sacs encombrants, vous vous devez de l’aider ; si elle a une roue crevée, idem. Et ainsi de suite.
Au restaurant
Vous avez réservé, bien entendu. De toute façon, c’est vous qui avez choisi le restaurant.
Dès l’arrivée, vous vous dirigez vers le maître d’hôtel et vous faites connaître ; puis vous vous dirigez d’abord vers la table et tirez sa chaise pour lui permettre de s’asseoir. Vous ne vous installez que quand elle est déjà assise. S’il y a le choix entre chaise et banquette, la banquette, plus confortable, est pour elle. Si elle doit se lever en cours de repas (pour passer aux toilettes se repoudrer le nez, par exemple), vous vous levez également, et restez debout tant qu’elle est en vue. Vous pouvez ensuite vous rasseoir, mais vous vous relèverez à son retour.
Au moment de choisir les plats, c’est toujours elle qui doit décider d’abord. Ne lui dites ce que vous comptez prendre que si elle vous le demande, et après qu’elle ait choisi. Essayez de choisir quelque chose dans la même gamme de prix et de nombre de plats qu’elle : si elle prend un menu, prenez également un menu. Si elle se contente d’un seul plat à la carte, faites de même. Cela évite que vous soyez décalés.
Si le serveur ne s’en charge pas, c’est à vous de remplir son verre : elle ne doit jamais avoir à se servir elle-même. C’est vous, également, qui êtes attentif à ce qu’elle ne manque de rien ; si, par exemple, il faut demander davantage de pain, de sel ou autres au garçon, c’est votre rôle, pas celui de votre compagne.

Quant à l’addition … navré, mais par défaut elle est intégralement pour vous.
Exception : si c’est elle qui a été à l’initiative du rendez-vous, en vous invitant spécifiquement dans ce restaurant, vous pouvez la laisser payer. Mais pas sans avoir proposé de le faire, puis avoir proposé de partager.
Conclusion
La galanterie implique à la fois élégance et discrétion : elle s’intègre dans votre comportement général et doit vous devenir naturelle. En aucun cas, vous ne devez la souligner (ne dites pas Les dames d’abord en ouvrant la porte ; au restaurant, ne dites pas C’est moi qui paie : payez, tout simplement et sans rien dire). Vous ne devez pas non plus laisser penser qu’il s’agit d’une chose exceptionnelle, que vous sortez le grand jeu pour votre compagne de ce soir. Si vous choisissez d’être galant, il vous faut l’être toujours, et en tous cas, envers toutes les femmes. Si elle a pu être vue comme un archaïsme, voire comme une forme de sexisme à visage bienveillant, la galanterie reste, en tous les cas, plus que jamais d’actualité. Elle rappelle à chacun que, certes, nous sommes égaux, mais en aucun cas interchangeables.
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