Que faire ?

Parmi les hommes, et surtout les jeunes hommes, qui avalent la Pilule Rouge, sont en train de la digérer ou qui découvrent les réalités d’un monde gynocentré et dont la santé mentale moyenne semble se détériorer chaque jour davantage, une question revient souvent : que faire ? Que faire face à cela ? Tant au niveau individuel qu’au niveau collectif, y a-t-il des actions qu’il est possible de mener ?

Comprendre ce qu’être un opposant veut dire

La première à faire, à titre individuel, c’est d’accepter qu’on ne sera plus jamais un membre de la majorité, fut-elle silencieuse.

« La plupart des hommes sont condamnés à rester Pilule Bleue, du moins dans l’immédiat. »

MARTIAL

Ceux qui sont capables de remettre en cause certains des éléments qui ont constitué les bases de leur éducation sont rares. Changer radicalement sa vision du monde, fût-ce pour en adopter une plus juste et plus vraie, relève d’une forme d’héroïsme intellectuel qui n’est pas et ne sera jamais à la portée de tout le monde. Les hommes réellement trop bêtes pour réaliser une telle conversion sont rares. En revanche, ceux trop lâches, trop intellectuellement fainéants ou trop attachés à l’image qu’ils espèrent que les autres (et particulièrement les femmes) ont d’eux, ceux-là sont légion.

Il convient donc, en premier lieu, de s’habituer à l’idée que l’on sera toujours un opposant. Le système qui tente, depuis des décennies, de broyer les hommes, est un système puissant et structuré. Il est soutenu par l’ensemble de la société de marché et de spectacle et il ne va pas s’écrouler de si tôt. Pas aujourd’hui, pas demain. Il n’y a que deux manières pour qu’il disparaisse : une manière douce et une manière forte. La manière douce (et nous y reviendrons un peu plus bas) est celle d’un long et lent travail d’éveil des consciences. C’est le travail que l’on fait ici. C’est le travail qui est fait dans un certain nombre de groupes sur médias sociaux ou ailleurs. C’est également le travail que réalisent des initiatives MRA comme celle d’Alexis Fontana. Cette méthode peut porter ses fruits, mais uniquement sur le long terme. L’idéologie postmoderne a mis près de 70 ans à organiser le suicide de la société occidentale, et elle n’a pas encore terminé son oeuvre. Réparer ses dégâts prendra au moins autant, et certainement le double. Il faut donc prendre conscience du fait que tout travail à ce niveau est fait non pour soi, ni même pour ses enfants (et il convient d’insister sur ce terme : réformer la société et redonner aux hommes un certain sens de la virilité n’est pas une opération qui doit être considérée comme uniquement dans l’intérêt de nos fils ; en tant que père d’une petite fille, j’espère très sincèrement que, quand elle sera adulte, elle aura pour compagnon un homme viril, honorable, fort, déterminé et aux valeurs morales solidement ancrées), mais, au mieux, dans l’intérêt de ses petits-enfants.

La deuxième manière par laquelle la société misandre qui est la nôtre pourrait se réformer est, tout simplement, un écroulement généralisé. Il ne s’agit pas d’un scénario-catastrophe, ni d’une idée issue de la science-fiction : les spécialistes de la collapsologie estiment tout à fait possible, compte tenu de ses multiples fragilités, que l’Occident s’effondre, en tant que civilisation, dans les dix à trente ans qui viennent.  Dans de telles conditions, il est probable que, les causes de la dévirilisation disparaissant, celle-ci soit amenée à disparaître également. Pour autant, un tel scénario est-il réellement souhaitable ? Probablement pas : le prix à payer pour une telle disparition serait sans doute incroyablement élevé, à tous les niveaux et pour l’ensemble de l’humanité.

Tel est d’ailleurs le paradoxe des mouvements masculins actuels : haïs par une société qu’ils critiquent en retour, ils constituent néanmoins l’un des derniers espoirs de survie sur le long terme de cette société. Car une chose est bien claire : en cas de crise majeure, de chaos, de guerre civile ou autre catastrophe de grande ampleur, mieux vaudra compter sur des hommes virils, moralement structurés et capables à la fois de défendre les leurs et de transmettre la culture et le savoir, que sur de fragiles militants SJW, qui, pour la plupart, ne survivront de toute façon pas aux deux premières semaines de chaos.

Quoi qu’il en soit, dans l’immédiat, les choses étant ce qu’elles sont, nous sommes minoritaires, et nous allons le rester dans le futur prévisible. Et il convient d’accepter cette idée. Accepter le fait que, dès que vous allez professer des idées masculines en public, vous allez être considéré comme machiste, misogyne, réactionnaire et éventuellement fasciste, généralement par des gens qui n’ont aucune idée de ce que ces mots veulent dire précisément, et qui sont infiniment plus totalitaires dans leur mentalité que vous ne le serez jamais.

Le prix de la vérité est l’isolement. Si vous parlez, vous vous isolerez. Si vous ne parlez pas, vous vous sentirez, au fil du temps, de plus en plus dans la peau et le rôle d’un opposant sous l’Union Soviétique d’antan : un être détenant une étincelle de lucidité, et conscient des réalités des choses, perdu au milieu d’une foule d’aliénés, incapables de voir le monde autrement que par le prisme de la vision imposée par le Parti, et qui en vient, insensiblement, à se demander parfois si ce n’est pas lui qui est fou, s’il ne serait pas plus simple de céder, tout simplement.

Ne pas consentir

« Soyez déterminé à ne plus servir et vous voici libre« 

Etienne de La Boétie, De la servitude volontaire

Soyez déterminé à ne plus servir et vous voici libre, écrivait Etienne de La Boétie dans De la servitude volontaire. Ne pas consentir, ne pas servir, est un premier pas pour quiconque veut mettre en pratique les enseignements de la Pilule Rouge.

C’est un mode d’action discret mais remarquablement efficace. Et d’autant plus efficace qu’au fond, il ne vous demande quasiment aucun effort : il suffit de ne pas faire.

Ne pas acheter les produits d’entreprises diffusant des publicités misandres, par exemple (si vous envoyez en e-mail au service client pour l’en informer, c’est encore mieux). Ne pas entretenir le gynocentrisme exacerbé (par exemple en ne validant pas narcissiquement des femmes qui ne le méritent pas). Ne pas soutenir les mesures sexistes (par exemple, si vous vous trouvez en position de recrutement, en ne tenant compte que des capacités et compétences des candidats et non de leur sexe ; en refusant de voter pour une candidate dont le seul argument est « qu’elle est une femme » ; en tenant vos collègues et collaborateurs des deux sexes comme exactement aussi responsables de leurs actes, et en ne tolérant pas des unes ce que vous refuseriez des autres) ; en ne cédant pas aux chantages au sexisme/racisme/homophobie/grossophobie/autres des SJW et de ceux qui usent leurs arguments ; et ainsi de suite.

Les exemples ne manquent pas : il est réellement possible de faire beaucoup, simplement en refusant de collaborer. Ne pas être un Dernier Homme, c’est déjà beaucoup.

Ne pas céder à la colère

Pour qui avale la Pilule Rouge, une phase de colère est courante. Quasiment tout le monde passe par là. Et c’est compréhensible : quand on réalise qu’on a été pris pour un imbécile toute sa vie, il y a de quoi être en rogne. Mais il est important de sortir de cet état.

La colère doit être sublimée. Elle doit devenir un motivateur pour aller de l’avant. Et en aucun cas elle ne doit vous amener à des actes de violence. Et ce pour deux raisons : une raison philosophique et une raison stratégique.

La raison stratégique est simple à comprendre : en cédant à la colère et à la violence, vous prenez le risque de donner raison aux tenants de la théorie de la masculinité toxique. En d’autres termes : non seulement vous perdez, mais vous nous faites tous perdre. Les mouvements, philosophies et modes de vie issus de la Pilule Rouge s’affirment comme non violents. Ils ne renient pas la racine de violence qui existe au fond de l’âme masculine, et encouragent même les hommes à pratiquer les sports de combat, par exemple, ou à ne pas hésiter à défendre physiquement les personnes placées sous leur protection. Mais en aucun cas ils ne soutiennent les actions violentes, brutales ou criminelles, de quelque nature qu’elle soit.

« Un homme, ça s’empêche. »

le père d’Albert Camus

La raison philosophique est liée à la nature des pensées néo-masculines. Ces pensées encouragent à la conquête de la raison et de la maîtrise de soi. Un homme, ça s’empêche, comme disait le père d’Albert Camus et céder à ses impulsions n’a rien de viril. C’est même le contraire : l’homme réellement viril est celui qui est capable de maîtriser ou, au moins, de canaliser ses passions violentes. En cédant à la violence, on va donc à l’inverse de ce que ces pensées suggèrent.

Plus généralement, et au-delà de la seule question de la violence, on attend d’une personne s’impliquant dans les mouvements et les pensées Pilule Rouge que, d’abord et avant tout, elle montre l’exemple.

Montrer l’exemple

Si vous vous réclamez de la Pilule Rouge, votre premier devoir est de prêcher par l’exemple. Vous ne convaincrez jamais personne du bien-fondé de vos vues si votre propre existence, suite à l’absorption de la Pilule Rouge, ne s’améliore pas. Et par amélioration, il faut entendre une amélioration à tous les niveaux. Si vous suivez sincèrement et réellement les préceptes Pilule Rouge, vous allez nécessairement être amené à vous cultiver, à prendre davantage soin de votre corps, à développer votre sens de la logique, de la raison, mais aussi de la morale, à cultiver l’honneur, le respect de la parole donnée et le courage. On ne vous demande pas d’être un super-héros : seulement d’être un homme un peu meilleur aujourd’hui que vous ne l’étiez il y a un mois.

Si, en revanche, au terme de mois ou d’années passés dans l’environnement intellectuel Pilule Rouge, vous constatez que votre vie n’a changé en rien, c’est tout simplement que vous êtes dans le virtue signaling : quelle que soit l’étiquette dont vous vous revendiquez (néo-masculinisme, MGTOW, MRA ou autre), si cette étiquette ne se traduit par aucun fait concret, c’est que vous êtes un imposteur. Peut-être même (et vraisemblablement) un imposteur à vous-même, d’ailleurs. Mais un imposteur néanmoins.

Ce qu’il y a au fond de vous ne compte pas si ça n’est pas traduit en actes. Si vous vous revendiquez de la Pilule Rouge mais continuez à poursuivre la même existence, tout en vous trouvant au passage mille excuses pour justifier votre stagnation (de préférence en mettant la faute sur le dos des autres), vous êtes exactement dans la même position que les tenants de l’idéologie trans : vous estimez que l’identité ressentie est ce qui compte et qu’on doit vous considérer comme ce que vous croyez être ; vous priez le reste du monde de se plier à l’idée que vous vous faites de vous-même. Et c’est de la folie furieuse.

« La virilité ne se proclame pas : elle se vit, elle se montre, elle se prouve au quotidien. »

MARTIAL

Elle est dans votre attitude, dans votre physique, dans votre comportement, dans le regard que vous portez sur les autres, dans votre manière d’aborder l’existence. Vous ne devriez jamais avoir à la brandir comme un étendard : elle devrait s’imposer de fait.

Travailler sur soi-même

Bien entendu, cette virilité qui s’impose de fait ne jaillit pas du néant : elle est le produit d’un long et incessant travail sur soi. Et ce genre de travail n’est jamais terminé. Jamais. Jamais personne ne vous dira que c’est bon, que vous êtes arrivé au bout. Il y aura toujours un poids plus lourd à soulever, un nouveau défi à relever, un livre fondamental de plus à lire, une pensée supplémentaire à découvrir, un sujet moral à évaluer. Votre volonté et votre maîtrise de vous-même pourra toujours s’améliorer. Vos projets pourront toujours aller un peu plus loin.

A la question que faire, « Continuer à travailler, encore et encore » est et sera toujours une réponse acceptable.

Reconstruire des cercles de sociabilité masculins

Au-delà de soi-même, il existe également des actions qu’il est possible de mener, autour de soi. Et la reconstruction de cercles de sociabilité pour hommes en fait partie. L’une des raisons principales pour lesquelles tant d’hommes hésitent à parler entre eux, hésitent à s’exprimer auprès d’autres hommes, est la crainte permanente d’être jugés.

Lorsque je reçois des courriers de lecteurs, une chose me frappe toujours : c’est la fréquence à laquelle des gens me disent quelque chose du genre : Mais en fait, ce que Neo-Masculin dit, je le sais depuis très longtemps. Mais je n’avais pas les mots ni les concepts pour l’exprimer. Ou je n’osais pas le faire. Plus que jamais, il est indispensable de former des cercles de rencontres et de discussions pour les hommes. Tisser des solidarités locales, créer des rencontres, échanger des idées … que cela prenne la forme d’un gentlemen’s club, d’un groupe philosophique ou pourquoi pas d’un chapitre religieux importe peu, du moment que la sociabilité peut s’établir.

Les cercles amicaux ne suffisent pas : trop d’enjeux d’égo y sont présents et trop de risques d’auto-censure. Les cercles internautiques ne suffisent pas non plus : trop de risques de se perdre dans les méandres des réseaux et dans des guégerres sans fin, rime ni raison. La manosphère a ses vertus mais la manosphère est virtuelle. Rien ne remplace une discussion franche les yeux dans les yeux, une main sur l’épaule, une camaraderie véritable. De tels cercles peuvent être également l’occasion de transmettre, dans le réel, certains enseignements.

Transmettre

Car la transmission, elle aussi, est importante. Peut-être avez-vous le sentiment de ne pas pouvoir faire grand-chose, certes. Mais vous pouvez toujours transmettre. Transmettre à d’autres hommes qui, selon vous, auraient besoin de la Pilule Rouge. Mais aussi et surtout transmettre aux jeunes générations. Certes, la Pilule Rouge en tant que telle est un médicament déconseillé aux moins de 25 ans. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas préparer les esprits. Un jeune homme qui, dès son adolescence, serait réellement formé à la logique, à la raison, à la maîtrise de lui-même, au sens de la parole donnée et à celui de l’honneur, commencerait déjà son existence avec de sérieux atouts, en matière de virilité. Si, dans le même temps, vous pouvez, sans forcément le dégoûter de toute relation, lui donner quelques billes pour qu’il fasse ses premières expériences de la façon la moins douloureuse possible, vous lui aurez rendu un immense service.

« Il y a bien des choses à transmettre aux jeunes générations.« 

MARTIAL

S’impliquer

Reste, enfin, l’implication directe. On a parlé, plus haut, de la méthode douce (et longue) pour changer la société. Sachez que, durant l’été 2018, plusieurs associations se sont formées afin de proposer aux mouvements masculins différentes structures. Le mouvement MRA, en particulier, est en train d’établir en France des bases opérationnelles solides. Si vous avez toujours rêvé de vous impliquer dans un mouvement politique, c’est le moment. Dans dix ans, les places de pères fondateurs / apparatchiks seront déjà prises : c’est donc maintenant qu’il faut en profiter. Plus sérieusement : dès que le recrutement de ce mouvement sera ouvert, nous nous en ferons bien entendu l’écho ici. Plus nombreux seront les adhérents, plus facile il sera de peser sur le débat public.

Il y a donc bien des choses à faire : cette petite liste est loin d’être exhaustive et, dans les mois qui viennent, il est très probable que plusieurs initiatives supplémentaires voient le jour. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien en soi, à l’intérieur de soi, que doit se faire le plus gros du travail. Un travail de Sisyphe, pénible, éternel, et à jamais inachevé.

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